Alain nous propose ses souvenirs des années 80…

Premières installations en Allemagne

Nous avons notre première réunion pour l’implantation du mobilier en février à Saarbruque. Il fait un froid polaire. Je suis aidé dans cette tâche par Raymond Duroyon. Nous arrivons le matin à notre rendez-vous à la Mairie à 8h, et là, dans les couloirs de la Mairie, Raymond le plaisantin commence à fredonner « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine » ; ma réaction, « Raymond ferme-la, nous allons avoir des problèmes ! ».
Après deux heures d’implantation, nous sommes frigorifiés, le personnel de la Mairie et de la Police aussi. Raymond, qui a le sens des relations publiques, propose que nous allions au café boire un schnaps, effectivement il y a un accord général.
A cette période l’Europe actuelle n’existe pas. Pour passer les frontières, il faut des déclarations où est mentionné tout le matériel exporté avec le prix sur lequel il y a une taxe. En Allemagne, les véhicules, tels que ceux des monteurs français travaillant sur le sol allemand doivent aussi payer une taxe, ce que j’ignorais.

Quand nous avons commencé l’installation d’Hambourg au mois de mai 1982, une de nos équipes de monteurs est contrôlée par le service des douanes pendant son travail. Le PV nous demande de passer pour régulariser. Ayant un rendez-vous à la Mairie, je délègue donc à mon ami J.J. Beck pour effectuer cette mission. Il remplit les formalités et au moment de sortir le douanier dit : « Vous avez une amende pour ne pas avoir fait cette déclaration dans les temps, et vous ne sortirez que lorsque nous aurons l’argent. ». J.J. me contacte à la Mairie pour m’informer de la situation. Rapidement je passe à la banque chercher l’argent pour libérer mon prisonnier.

Papier bitter!

Fin 1982, nous sommes en train d’installer les abris de Cologne, toujours avec des équipes de monteurs françaises ; elles rentrent en France toutes les deux semaines. Lors d’un retour en Allemagne, à l’aéroport les valises des voyageurs tournent sur le tapis. Les douaniers sont là avec leur chien, un beau labrador nommé Blaky. Il s’approche du tapis et commence à renifler une valise, c’est celle de l’un des monteurs. Les douaniers interviennent et font ouvrir la valise. Il ya une petite boîte de pellicule photo dans laquelle il y a une demie cuillère à café de cannabis. Il y aura seulement une verbalisation, sans suite.
Au début de la création de la filiale allemande, nous avions fait venir une vielle voiture, immatriculée en France, pour nos besoins de déplacement. Après avoir reçu nos voitures de fonction ce véhicule n’était plus utilisé, à tel point que la batterie était « à plat ». Je décide donc de la rapatrier sur un de nos camions qui avait livré les abris bus. Arrivé à la frontière, le douanier demande « papier bitte ». Je n’avais pas pensé qu’il fallait des documents pour un véhicule nous appartenant. Alors là nous avons eu un chauffeur génial ; il s’est garé près du passage de douane, avec la grue de son véhicule il à déchargé la voiture côté allemand, il a ensuite passé la frontière avec son camion, est revenu chercher la voiture pour passer le poste de douane en la poussant et l’a rechargé sur son véhicule.

Un autre souvenir après la chute du mur de Berlin en 1989.

Nous avons nos premiers contacts avec les villes de l’Est l’année suivante. Une en particulier m’a marqué, Dresde. En 1944, elle a été presque entièrement détruite par les bombardements des alliés. En 1990, la cathédrale était encore un tas de gravats et de pierres entouré de grilles métalliques. Un an plus tard, lorsque j’y retourne, je vois à côté du site une installation de racks métalliques, semblables à ceux de notre entrepôt de Plaisir, sur lesquels les pierres de la cathédrale sont rangées et numérotées. Début des années 2000, la cathédrale est reconstruite dans son architecture historique. C’est extraordinaire !
Un autre souvenir de Dresde en 1990. La première impression en arrivant c’est la pollution, un brouillard jaunâtre couvre la ville, provoqué par la combustion qui est la principale source de chauffage de la ville et aussi les vielles voitures qui fument énormément. Les murs des bâtiments sont gris et sales, extrêmement marqués par la pollution ; les chaussées déformées et en mauvaise état.
Maintenant tout cela a été rénové et Dresde est une belle ville.

Qu’en disait l’Intramuros?

Intramuros numéro 2 janvier 1996


Les équipes de JCDecaux devant le Semperoper de Dresden.  Détruit en 1945, l’opéra de Dresde dessiné par Gottfried Semper et datant de 1838 a été reconstruit à l’identique à partir de 1977

Dresde. Place de l’Opéra le 10 novembre 1995. Température extérieure : au-dessous de zéro. Il est 5h00, la ville s’éveille.
Ce jour-là, l’agence de Dresde se prépare à accueillir l’ensemble des personnels de JCDecaux Allemagne. A événement exceptionnel, mise en scène exceptionnelle : dans quelques heures, 240 véhicules JCDecaux occuperont l’espace. Un par un, les engins, moteur éteint, sont poussés à la main de manière à prendre leur place ou millimètre près et surtout pour ne pas polluer le vieux pavage de la place. A dix heures du matin, les invités sont au grand complet pour la photo de groupe qui donnera le coup d’envoi de la journée. Celle-ci s’achèvera tard dans la nuit après une soirée de détente et de danse !


Janvier 1990. Le mur de Berlin est à peine tombé que Messieurs Jean-François Decaux, Dieter Keppler et François-Guy Sambron entament des pourparlers avec la mairie de Dresde.
La ville occupe une place à part dans le cœur des Allemands : d’abord, parce qu’elle a terriblement souffert des bombardements alliés en février
1945, mais aussi parce que sa beauté architecturale est véritablement attachante
C’est pourquoi tout ce qui touche à la reconstruction de Dresde fait l’objet d’une attention toute particulière. C’est aussi le cas du mobilier urbain pour lequel la municipalité a exigé qu’il fasse l’objet d’un double appel d’offres.LES PREMIERS SUCCÈS
Le premier appel d’offres a mis en compétition les sociétés de mobilier urbain pour l’obtention du contrat proprement dit. JCDecaux a gagné et signé le contrat le 11 juillet 1991.
Le second appel d’offres a mis en compétition les designers et architectes de Dresde pour concevoir et développer un mobilier propre à la ville. Notre entreprise l’a organisé, et le 11 décembre 1991, le jury a retenu les créations de deux femmes : Mme Dehnert (Abribus) et Mme Petrik (colonne). Quatre ans après, JCDecaux à Dresde regroupe 27 personnes au sein de la structure chargée du développement de notre groupe en Europe Centrale.
Ce sont aussi 600 Abris d’autobus, 60 colonnes et 20 sanitaires installés à ce jour.: